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Comment calculer la valeur d'une entreprise ?

7 min de lecture
29 novembre 2022

Quelle est la valeur de l'entreprise ? C'est une question que se posent tout investisseur potentiel et tout dirigeant souhaitant céder sa société. De nombreux logiciels permettent de calculer la valeur d'une entreprise mais il faudra avant tout maîtriser la démarche globale à suivre pour obtenir une valeur réaliste et raisonnable.

Qu'est-ce que la valeur d'une entreprise ?

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Lorsqu’on évoque la valeur d’une entreprise, on parle évidemment de sa valeur financière et économique dans l’optique d’un rachat, d’une vente ou d’une prise de participation.

En fait, il s’agit de déterminer une valeur financière, légitime, basée sur des données tangibles (les actifs réels appuyés sur les données comptables et patrimoniales ainsi que les dettes) et des éléments intangibles soumis à interprétation comme les actifs immatériels ou incorporels (Portefeuille client, brevets, notoriété et image de marque, savoir-faire, accords commerciaux…).

Selon la nature de l’entreprise, sa taille, son positionnement, son secteur d’activité voire même de ses spécificités sur son marché, l’estimation de sa juste valeur sera plus ou moins complexe à réaliser.

Un commerce de proximité sera la plupart du temps assez simple à valoriser alors qu’à l’opposé, une startup positionnée sur de nouveaux marchés nécessitera une approche experte et approfondie pour en évaluer la valeur tenant compte de ses facteurs de risque (juridiques, financement R&D, facteurs sociaux, organisation, etc…) et de ses perspectives de croissance et de rentabilité.

L'évaluation de la valeur d'une entreprise ne se détermine donc pas sous le seul angle comptable mais bien en prenant en compte son environnement contextuel interne et externe, ses forces et ses faiblesses qu'il convient d'essayer d'apprécier à leur plus juste valeur.

Comment calculer la valeur d'une société ?

1 - La récupération des données comptables

Il s’agit de récupérer les données de la balance comptable à minima et idéalement la liasse fiscale pour pouvoir analyser les comptes de catégories 1 à 7 de l’entreprise.

Selon la typologie d’entreprise et les enjeux associés à sa valorisation, les données des deux derniers exercices comptables doivent être collectées à minima. Disposer des données des cinq derniers exercices comptables est idéal notamment pour l’étape de retraitement.

On va alors intégrer ces données comptables dans un logiciel spécifique d’évaluation d’entreprise comme la solution Evaluation d’Entreprise d'EIC afin de constituer le socle de base permettant de valoriser l’entreprise de la meilleure manière.

2 - L'audit de l'entreprise

C’est l’étape, que les anglo-saxons nomment « due diligence », qui permet d’approfondir l’analyse et les vérifications pour l’acheteur potentiel afin de diagnostiquer les points forts et les points faibles de l’entreprise qui vont influer sur sa valorisation. On s’intéresse ici à cerner et à évaluer les risques d’un projet d’investissement tout autant que les perspectives de bénéfices potentiels que l’acquéreur pourrait en retirer.

La phase d’audit va s’efforcer d’évaluer les forces et faiblesses de l’entreprise « à 360° » :

  • Sur ses produits et services (répartition du CA par famille de produits, rentabilité analytique, adaptation des produits au marché, perspectives de marché, offre produit en croissance, en déclin, etc…)
  • Sur le(s) marché(s) adressés par l’entreprise et son positionnement par rapport à ses concurrents
  • Sur sa clientèle (volume, fidélité, positionnement, répartition géographique, etc…)
  • Sur ses fournisseurs
  • Sur ses moyens et capacités de production et sa logistique
  • Sur son personnel (compétences, climat social, turnover, politique salariale, passif social, etc…)
  • Sur son management (organisation, style de management, etc…)
  • Sur ses éléments financiers (rentabilité, BFR, endettement, etc…)
  • Sur un angle juridique (contrats commerciaux, litiges et contentieux, assurance, brevets, etc…)
  • Sur son actionnariat (stabilité, composition, etc…)

Cette phase permet de mieux cerner l'environnement interne et externe de l'entreprise qui peuvent influer fortement sa valorisation.

3 - Le retraitement des données

Le retraitement des données comptables est fondamental dans une optique de valorisation d’entreprise. Il ne doit pas être négligé.

Cette opération consiste à « normaliser » les données comptables pour disposer de données tangibles et représentatives de la performance courante de l’entreprise au sens de l’analyse financière. On se base ainsi uniquement sur les données récurrentes reflétant la réalité économique de l’entreprise en « lissant » le mieux possible les données comptables analysées sur plusieurs exercices :

  • Dont on va retraiter les postes de charges et de produit ayant un caractère exceptionnel avec un impact positif ou négatif sur les comptes annuels.
  • Dont on va examiner et retraiter si nécessaire certains postes comptables sous-évalués ou surévalués

Ces trois premières étapes permettront de disposer de données financières fiables et corrigées qui vont servir de base solide à l'évaluation de la valeur de l'entreprise selon les différentes méthodes suivantes.

 

Les méthodes d'évaluation de la valeur d'une entreprise

Evaluer la valeur d’une entreprise n’est pas si simple.

Il existe plusieurs méthodes de valorisation et vous obtiendrez rarement la même évaluation selon l’auteur de l’évaluation, la méthode utilisée et selon que l'on se place en position de vendeur ou d’acheteur de la société.

La prestation d’évaluation de la valeur d’une entreprise réalisée par un expert-comptable doit aboutir à un montant acceptable pour le vendeur comme pour l’acheteur et servira de base à la négociation du prix de vente de l'entreprise.

Pour évaluer la valeur la plus réaliste et la plus juste d’une entreprise, il est donc recommandé d’appliquer et de confronter plusieurs méthodes d’évaluation.

On distingue trois grandes familles d’évaluation d’une entreprise qui s’appliquent de manière variée selon de multiples critères.

La méthode patrimoniale

La valeur est calculée sur ce que possède l'entreprise

L'approche patrimoniale est la méthode classique appliquée couramment lorsqu’on évalue la valeur d’une société. Elle consiste à évaluer la valeur des actifs (retraités) de l’entreprise et à en déduire les dettes (passif).

On va s’intéresser également au retraitement éventuel des créances clients, des dépréciations de valorisation des stocks, des provisions des indemnités de départ en retraite sur les 5 à 7 ans à venir et aux modalités de rémunération du ou des dirigeants pour les PME et ETI.

 

Si le retraitement a été bien réalisé, on obtient avec cette méthode une bonne première approche de valorisation purement comptable de l’entreprise.

Néanmoins, la méthode patrimoniale se révèle insuffisante pour valoriser complètement une entreprise car elle ne prend pas en compte la notion de risque pour l’acheteur tels que le risque de rentabilité, la perte de clientèle, l'obsolescence du savoir-faire ou la disruption du marché.

Il est donc recommandé de la mettre en parallèle avec une méthode d’évaluation dite de « rendement ».

La méthode " analogique " ou " comparative "

La valeur est calculée par rapport aux entreprises comparables

En règle générale, la méthode « analogique » est assez utilisée pour valoriser un fonds de commerce en le comparant aux entreprises du même secteur d’activité, de taille similaire et situées dans la même zone de chalandise.

C’est la dimension du CA qui est la plus communément admise comme dimension de comparaison mais d’autres métriques spécifiques peuvent être utilisées comme la superficie, le nombre d'abonnés ou des métriques purement financières comme le bénéfice (EBITDA, EBIT) si cela est plus pertinent pour réaliser la comparaison.

Bien que cette méthode soit souvent utilisée pour sa simplicité et sa rapidité, elle présente néanmoins certains biais dont il faut avoir conscience :

  • Les sociétés comparées à l’entreprise à évaluer doivent être les plus proches possibles en termes de secteur d’activité, de taille et de business model pour que la comparaison soit pertinente
  • Les données financières servant à l’analyse doivent être récentes et vérifiées et idéalement dépourvues de facteurs conjoncturels impactants (comme ceux liés à la COVID-19 par exemple) qui rendraient cette méthode d’analyse inadaptée
  • Si la dimension de référence utilisée est l’EBITDA ou l’EBIT, alors il convient d’être particulièrement prudent en s’assurant de comparer l’entreprise à évaluer avec des sociétés similaires également en termes de dynamique de croissance et de politique d’investissement.

En conséquence, d’approche plutôt simple et rapide, cette méthode d’évaluation cache en fait une réelle complexité et une lourdeur à maîtriser pour ceux qui souhaiteraient l’appliquer sur la valorisation d’entreprise de taille importante. Les risques d’approximation voire d’erreurs de valorisation sont réels.

Cette méthode est plutôt mal adaptée pour valoriser des sociétés dans les secteurs d’activité comme l’industrie, le secteur des biotechnologies ou pour évaluer les startup par exemple.

Les méthodes de " rendement " ou de " rentabilité "

La valeur est calculée sur ce que rapportera l'entreprise

On cherche ici à évaluer le potentiel de l’entreprise à générer des bénéfices, donc à estimer sa rentabilité prévisionnelle.

Taux d’actualisation : l’indicateur incontournable à déterminer

Dans le contexte d’une valorisation d’entreprise par cette méthode dite « de rendement », le taux d’actualisation est l’indicateur principal retenu pour évaluer le niveau de risque d’un investissement et donc l’opportunité ou non de s’engager, par exemple, sur le rachat d’une entreprise.

Il correspond en fait au taux de rentabilité attendu par les investisseurs pour couvrir les risques évalués du projet.

Il peut être déterminé selon plusieurs méthodes :

  • la méthode du CMPC (Coût Moyen Pondéré du Capital). C’est une méthode qui s’efforce de monétiser le risque du capital investi :
     
    • Plus le CMPC sera élevé et plus il sera difficile pour le chef d’entreprise de trouver les investisseurs susceptibles de financer la croissance de l’entreprise
    • Plus le CMPC sera bas et plus il sera facile pour le dirigeant de trouver des investisseurs 
  • Le modèle « MEDAF » (Modèle d’Evaluation Des Actifs Financiers) qui permet d’estimer le taux de rentabilité attendu d’un actif financier. Ce modèle est issu du milieu des marchés financiers

Un taux d’actualisation élevé (supérieur à 20%) caractérise un risque fort sur le retour sur investissement à long terme (exemple : un investissement dans une startup dont la pérennité et la rentabilité constituent un risque fort pour l’investisseur).

A contrario, une entreprise qui présente de réelles garanties de rentabilité pour l’investisseur (exemple : une entreprise rentable, bien installée et reconnue sur son marché depuis plusieurs années, etc…), donc avec un risque bien cerné, conduira à un taux d’actualisation modéré voire bas (12% à 15%).

A partir de cet indicateur du taux d’actualisation, on va alors pouvoir calculer la valeur de l’entreprise selon plusieurs approches à confronter si besoin :

  • Valeur de rendement : c’est une approche qui consiste à calculer la valeur d’une entreprise en escomptant ses bénéfices futurs généralement sur les 3 à 5 prochaines années tout en tenant compte d’un facteur de risque modélisé par un taux de capitalisation (à déterminer). C’est une approche applicable aux sociétés qui ont une politique de versement de dividendes.

  • Valeur de productivité : Cette approche prend en compte le bénéfice net courant retraité après impôt associé au taux de capitalisation. C’est une approche applicable aux sociétés ne distribuant pas de dividendes.

  • L’approche par le P.E.R. (Price Earning Ratio) peut également être envisagée pour les sociétés cotées en bourse.

La méthode du Goodwill, quant à elle, tente de faire la synthèse entre l'approche patrimoniale et l'approche par le rendement. Elle se fonde sur l'écart entre la valeur d'achat d'une entreprise et la juste valeur de ses capitaux propres. C'est ce que l'on appelle le goodwill ou en français "survaleur" ou "super-bénéfice".

 

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